LE C.A. MANTES-LA-VILLE

benjamin du C.F.A. fait confiance à l'offensive pour assurer son maintien


Saoumah (9) et Calinski (10) exultent, alors que Leclercq (7), Clément (à terre), Guicci (4) et Leroy (6) sont atterés : Joly (absent sur la photo) vient en effet de détourner dans ses propres filets un centre de Defay.

« QUEL que soit l'adversaire et le lieu du match, nous jouons pour gagner et pour imposer notre jeu. »

Cette sympathique et engageante profession de foi, nous la devons à Norbert Boucq, l'entraîneur-joueur du néo-promu parisien, le Club Athlétique de Mantes-la-Ville. Quelques instants plus tard, ses joueurs allaient affronter sur leur propre terrain la jeune et talentueuse formation valenciennoise. Malgré l'enjeu d'une partie difficile, le capitaine des banlieusards, qui nous fait irrésistiblement penser à l'ex-international sedanais Michelin, n'en conservait pas moins un calme et une bonne humeur communicatifs.

Allons, la partie semblait devoir s'engager sous d'agréables auspices : deux équipes offensives face à face en C.F.A., il y a belle lurette que nous n'avions plus goûté la bonne fortune d'avoir oe mets de choix à nous mettre sous la dent !

DEUX EQUIPES OFFENSIVES

Et de fait nous n'allions pas être déçu. Certes la partie ne devait jamais atteindre les sommets, mais quelle bouffée d'oxygène de constater que ni dans un camp ni dans l'autre on ne pratiquait avec ce que l'on nomme pudiquement un « couvreur ». Et puis de temps à autre et des deux côtés, une action bien construite, un éclair de vrai football, une déviation lumineuse, un une-deux instantané, une occasion de but construite venaient « ensoleiller » cette journée grise de fin d'automne.

Tout de suite Mantes, s'appuyant sur un 4-2-4 sans ligne, allait s'installer dans le camp nordiste. Boucq et le jeune (19 ans) Gouju soutenant au maximum leurs avants. Le nombre des corners obtenus durant la première période : 8 pour Mantes contre 3 à Valenclennes (tous 3 à la 44e minute !) indique clairement de quel côté fut la domination territoriale.

Toutefois les Parisiens n'allaient inscrire qu'un but, mérité si l'on s'en réfère aux occasions de conclure (6 contre 3 aux Nordistes), mais heureux quant à sa réalisation : à la 40e minute, Defay centre de la gauche, la balle ricoche sur le dos de l'arrière Joly at lobe l'infortuné Clément pour terminer aa course au fond des filets.

En deuxième mi-temps, Valenciennes, au style plus économique, car basé aur la défense en ligne avec appui sur le hors-jeu (les attaquants banlieusards se mirent 11 fois en position irrégulière), et même si par ailleurs les notions de recul-frein, de couverture latérale et de marquage sur la ligne semblent assez floues, allait refaire surface et attaquer fréquemment en nombre, sans succès cependant, faute d'une construction suffisante à l'approche du but adverse. Jusqu'à la 80e minute on notait 3 occasions de scorer de part et d'autre, une seule étant finalement concrétisée, par Mantes une nouvelle fois, à la 63e minute. Saoumah ayant récupéré au centre du terrain une balle venue de l'arrière, alerta Calinski placé entre Giucci et Sosnowski qui ne l'avaient ni l'un ni l'autre pris en charge. Après avoir résisté au retour d'un défenseur, le blond Parisien adressait un admirable centre en retrait sur Saoumah qui, tranquillement, logeait la balle dans la lucarne droite des buts défendus par l'excellent Clément. Un but de toute beauté, qui fit se dresser les spectateurs, et dont nous voudrions bien voir l'équivalent dans toutes les rencontres. 11 est à noter que le centre en retrait fut presque systématiquement employé de part et d'autre, mais que le plus souvent il ne trouva personne à la réception !

SAOUMAH, CALINSKI, DEMOTA

Mais les 10 dernières minutes allaient voir un cavalier seul des joueurs de Mantes. Boucq et Gouju, assez discrets durant une demi-heure, car sans doute fatigués par les allers et retours incessants nécessités par le recul prématuré de leurs arrières sur les attaques adverses, semblaient retrouver leur « deuxième souffle ». Comme derrière la relance s'effectuait mieux et que les attaquants venaient plus volontiers en soutien, les conditions se trouvaient alors réunies, fortuitement sans doute, pour permettre une circulation rapide et instantanée du « cuir ». Et c'était un véritable festival, dans lequel on retrouvait surtout 4 noms, les 4 « piliers » de la formation (avec l'impeccable gardien Filliol) : le capitaine et entraîneur Boucq, expérimenté et clairvoyant, l'arrière central droit Demota, grand par la taille et par la classe, intraitable sur l'homme, difficile à prendre en défaut de la tête et excellent dans la relance, mais surtout l'exceptionnel duo d'avants-centres : Saoumah et Calinski. Spécialistes du une-deux, les deux compères, soutenus sporadiquement seulement par deux ailiers talentueux : Roty et Defay, mais trop excentrés et parfois irréquliers, en « firent voir de toutes les couleurs » au capitaine valanciennois Giucci et à ses coéquipiers. « Michel » et « Raymond » comme les appelle affectueusement le public de Mantes, se trouvèrent à l'origine ou à la conclusion de pratiquement toutes les actions dangereuses de leur équipe.

LE MAINTIEN UN REVE OUI DOIT DEVENIR UNE REALITE

Comme nous l'avons laissé entendre plus haut, il est dommage que les arrières, l'ex-pro Melloni, calme et sûr, José at Prazzoli, prompts aur la balle mais à la relance parfois approximative, ne s'appuient pas sur la « ligne ». Ils assureraient ainsi — et nous n'insisterons jamais assez sur cette notion fondamentale — la permanence du jeu offensif qui ne serait alors plus à la merci de la fraîcheur physique d'hommes du milieu trop sollicités. Boucq, victime en quelque aorte d'un système qu'il préconise, et le prometteur Gouju, au remarquable sens de l'interception mais qui gagnerait à se débarrasser plus rapidement de la balle, permettraient, par leur constante intégration au quatuor d'attaque, d'assurer constamment la supériorité numérique aux abords de la cage adverse.

Car si l on veut vraiment attaquer, et Boucq nous a prouvé sur le terrain que chez lui les actes suivaient bien les intentions, il faut s'en donner totalement les moyens. Et de nos jours, la défense en ligne avec appui sur le hors-jeu constitue le moyen le plus rationnel de parvenir à la fois à une efficacité offensive et défensive. Or, si Mantes n'a concédé que 9 buts en 6 rencontres, il n'en a en revanche inscrit que 10, ce qui est peu au regard des possibilités incontestables démontrées par les Mantais dans les 10 dernières minutes surtout.

Le C.A. Mantes-la-Ville dispose de tous les atouts pour réussir une bonne carrière parmi les « purs » : un entraîneur qui est un remarquable meneur d'hommes et de plus un technicien compétent (même si nous ne partageons pas entièrement ses conceptions), des joueurs valeureux, un stade coquet disposant d'une tribune bien conçue de 600 places et de vestiaires modernes, deux terrains annexes, un nouveau terrain en voie d'achèvement en bordure sud de l'autoroute, laquelle facilite grandement l'accès, une école de football bien diriqée par Boucq et le maître d'Education Physique Saoumah et qui voit plusieurs centaines de gosses se présenter chaque jeudi. Quel dommage que le regretté Daniel Bailliez, disparu tragiquement le soir de Noël 67 dans un accident de la route, ne soit pas là pour assister à l'éclosion d'une formation pour laquelle il avait tant lutté : c'est la seuie ombre au tableau, mais elle est hélas de taille !

Porte-drapeau du football des Yvelines, benjamin des clubs du C.F.A. (si l'on excepte les équipes de fusion), le club de la banlieue nord-ouest, sur ce qu'il nous a montré en ce dimanche frisquet de novembre, ne devrait avoir aucun souci quant à son maintien dans le championnat national des « grands amateurs », but de sa saison. Ce ne serait d'ailleurs que justice !

Jean BOULLY

Merci à gaoutte pour cet article.